Hier on n’a pas vraiment eu l’occasion de prendre le temps de se poser quelque part pour profiter du paysage ou dessiner (pour Céline bien sûr). Du coup ce matin on décide de se lever 30 min plus tôt (sans que cela soit vraiment un effort). Debouts à 6h, départ à 7h20. En fait c’est surtout la pause du midi qu’on voudrait allonger un peu.
Le programme d’aujourd’hui n’est pas encore très clair. En préparant le trek je me suis laissé plusieurs options en fonction de notre vélocité et de nos envies. Les points de passage sont les mêmes : Roche plate et 3 Roches mais le lieu de couchage pourra varier : 3 Roches (et ses alentours) ou La nouvelle, « capitale » de Mafate qui se trouve un peu plus loin.
En attendant, on lève le camp pour continuer notre « balade » (étrangement Céline n’aime pas trop quand je dis ça ;o) en direction de Roche Plate. On amorce la descente des Orangers pour suivre le chemin longeant la montagne avec le Maïdo, au dessus, veillant sur nous. On le voit se rapprocher de plus en plus. Le chemin pour arriver au point de jonction entre la descente du Maïdo et le GR redescendant sur Roche Plate est encore une fois splendide ! Encaissé dans la montagne avec une végétation très présente et une lumière du matin douce mais en même temps intense, on se gave du plaisir d’être là.
Ca ne rend pas justice mais c’est la plus belle vue du cirque
Bientôt, le chemin plat (enfin je veux dire pour Mafate donc ça reste relatif) laisse place à une nouvelle montée rejoignant la descente du Maïdo. Là une vue à 180° sur le cirque nous attend. C’est pour moi la plus belle vue du cirque de notre trek, avec d’un côté une vision sur le Nord et le chemin parcouru et de l’autre, le sud et ce qui nous attend. Je gardais déjà un souvenir incroyable de cette vue, quelques centaines de mètres au dessus, au Maïdo, lors de notre premier passage sur l’île. C’est exactement cette vue qui nous a fait dire que nous reviendrions un jour pour parcourir l’intérieur de ce monument de la randonnée.
Évidemment, on ne pouvait pas passer sans s’arrêter, alors on en profite pour faire une pause. Bien sûr pour prendre des photos mais aussi, et surtout, pour contempler… contempler ce spectacle vivant (si si) que la nature nous offre et que rien ne peut imiter. On est devant l’un de ces paysages comme le Grand Canyon, les Rockies, le lever de soleil sur le Bromo et tant d’autres qui ne peuvent laisser insensibles. Tant de beauté qui forcément émeut.
Le paysage est magnifique mais il faut bien repartir. On emprunte la descente vers Roche Plate sous les pins avec certainement pour la première fois, ce qui ressemble à un chemin légèrement descendant sans la moindre marche sur une distance d’au moins… 300 mètres ? Bref, on profite de ce terrain facile et agréable pour continuer d’admirer cette vue époustouflante sur le cirque tout en marchant (pouvoir faire les deux est très rare dans Mafate).
La distance jusqu’au prochain îlet n’est pas très longue et Roche Plate se laisse découvrir assez rapidement par l’intermédiaire d’un nouveau gite (on imagine) en construction. Structure tout en aluminum (certainement pour une question de poids pour les hélicoptères) où se dessine déjà très clairement ce qui deviendra un terrasse avec vue montagne à couper le souffle. On s’imagine déjà en train de prendre une petite doudou allongé dans un fauteuil après une longue journée de marche.
Mais la dernière pause n’est pas loin alors on ne fait que passer pour continuer notre route et traverser complètement l’îlet.
Une cargaison d’hélicoptère à sortir du cirque
On prend la route de 3 Roches lorsqu’on aperçoit entre les arbres à quelques centaines de mètres de nous un hélico qui vient chercher les poubelles et autres produits à transporter vers d’autres lieux. C’est toujours impressionnant de voir les hélicos faire leur rotation avec ces gros sacs suspendus 10 mètres sous eux.
La route jusqu’à 3 Roches sera longue et à découvert sous un soleil très généreux. De ce côté, on a plutôt de la chance puisqu’on avait un prédiction météorologique juste avant de partir qui n’était franchement pas terrible avec de la pluie presque tous les jours. Mais Emilie et Cyrille nous avaient bien prévenus, il ne faut pas croire la météo et encore moins celle dans le cirque qui est très difficilement prédictible.
Le rempart sur la droite
Cette route entre Roche Plate et 3 Roches est vraiment impressionnante car on longe le rempart du Maïdo, cette énorme falaise complètement verticale de pas loin de 1000 mètres de haut je pense. La sensation est vraiment très particulière lorsqu’on la longe sur plusieurs kilomètres. Elle porte indéniablement bien son nom tant on a l’impression d’être au pied d’un château totalement imprenable.
Quelques minutes avant l’arrivée sur la zone de la cascade de 3 Roches, on fait une petite pause chez un vendeur de miel qui a eu la bonne idée d’écrire en face de sa boutique qu’il vendait également une citronnade maison et fraîche… il n’en faut pas plus pour nous convaincre de s’arrêter nous désaltérer chez lui. Une pause qui fait du bien puisqu’on doit être parti des Orangers depuis près de 5 heures maintenant. Et contre toute attente, en plus de la citronnade, on peut également manger des crêpes… il n’en faut pas plus pour Céline qui succombe à l’appel de la Bretagne alors même qu’on va prendre notre déjeuner juste après. Mais comment lui en vouloir de céder devant cette crêpe qui était particulièrement bonne.
Repus, désaltérés et reposés, nous voilà repartis pour terminer les quelques mètres nous séparant de la cascade de 3 Roches. J’en avais entendu parler un peu partout sur les blogs en préparant le voyage sans en voir de photo. Je ne savais pas à quoi elle ressemblait si ce n’est qu’on se trouve au haut de la cascade et qu’on la voit disparaître dans les profondeurs…
Effectivement, on s’approche d’une grande surface plane faite de roche au milieu de laquelle s’écoulent plusieurs flux d’eau convergeant vers cette fameuse cascade. L’inconvénient de voir une cascade d’en haut, c’est qu’on ne peut pas l’embrasser du regard dans sa globalité. On doit choisir quelle partie regarder : le haut avec l’eau se précipitant dans un puit sans fond ou le bas, résultat d’une longue chute de plusieurs dizaines de mètres … encore qu’en l’occurrence, le fond n’est même pas visible tant le bord n’est pas accessible… ou plutôt il l’est trop bien mais du coup c’est trop dangereux de s’en approcher pour se pencher.
Cascade de trois Roches
En tout cas, c’est une belle cascade mais qui n’impressionne pas autant qu’une grosse qui chute de toute sa hauteur dans un bruit assourdissant vaporisant des gouttelettes d’eau partout aux alentours comme on a pu en voir au Canada ou même ailleurs sur l’île du côté du cirque de Salazie.
Après ce petit temps d’observation, on pose les affaires pour préparer le déjeuner. C’est également l’occasion de tremper les pieds dans la rivière mais sans s’attarder car il y a des sangsues un peu partout. On profite des parties où le courant est rapide pour se rafraîchir sans craindre les bêtes de sang. Et comme on est parti plus tôt ce matin, on prend le temps d’une petite sieste de 20 minutes allongé sur la pierre chauffée par le soleil profitant ainsi de ses bienfaits reposants, voire réparateurs de la chaleur rayonnante réconfortant nos muscles endoloris.
Initialement j’avais prévu de nous poser pour la nuit dans les alentours. Mais il n’est que 15h45 et on a encore assez d’énergie pour continuer, alors on reprend nos sacs, on remet nos chaussures et c’est reparti. Notre objectif ultime reste le piton des neiges et c’est un gros morceau. Donc on fait tout pour en rendre l’ascension possible (1800 mètres de d+ dans la journée c’est pas non plus super facile, mieux vaut être en forme) donc à ce titre on préfère continuer pour réduire notre journée de demain et être en forme pour l’ascension.
On se dit que si on trouve un endroit sympa sur la route on s’arrêtera, sinon on ira jusqu’à Marla qui est à 2 heures de marche.
Notre chemin longe la rivière galet retrouvée à 3 Roches pendant un moment tout en étant à découvert. Il est 16h passées, donc la chaleur ne nous accable plus. Les nuages commencent même à progresser sur les hauteurs du cirque. Ajoutez à cela la couleur sombre de la pierre et l’absence de végétation et on se trouve dans une atmosphère un peu triste, voire pesante.
Après une petite heure de marche, on trouve un endroit très sympa pour poser la tente. Exactement ce qu’on recherchait : près de la rivière pour pouvoir se laver, faire la lessive ou encore faire nos réserves d’eau potable, complètement excentré d’un îlet pour être vraiment au calme et seuls, un terrain à peu près plat qui a l’air confortable, bref, toutes les conditions sont réunies sauf qu’on est encore à 1h de Marla. Et ce qu’on ne fera pas aujourd’hui, on le fera demain et c’est ça de plus qu’on n’aura pas pour se reposer.
Après un long moment d’hésitation nous caractérisant tant Céline et moi, nous voilà repartis pour Marla et une dernière heure de marche majoritairement en montée. Après 300m de d+, Marla se dessine. On trouve un petit coin pour planter la tente juste en lisière de l’îlet, avant même d’y pénétrer. On s’installe pour la nuit tout en faisant attention à l’utilisation qu’on a de notre eau car il n’y en a pas ici ce soir.
Pour une fois on prend même le temps de faire un petit feu avec les quelques branchettes mortes qu’on trouve aux alentours. L’endroit du bivouac est vraiment sympa avec une belle vue sur la montée vers le col du Taïbit qu’on prendra demain pour sortir du cirque. Nous voilà déjà au terme de ce trek dans Mafate. Notre moral est à l’image du paysage, magnifique mais couvert par les nuages descendants venant obstruer un peu notre joie d’être ici et d’avoir passé 3 jours absolument géniaux.
La sortie de Mafate se dessine…
La journée se termine dans les nuages (au sens propre comme au figuré) et par un coucher assez tôt comme d’habitude. Il fait dire qu’on a des bonnes journées de marche puisqu’on doit être autour des 8h de marche effectives pour 10 heures sur la route, ou plutôt dans les escaliers devrais-je dire. L’utilisation des bâtons a été une vraie révélation pour moi. C’est incroyable la puissance qu’on peut gagner avec l’utilisation de ses bras dans la marche. Ils facilitent très clairement la randonnée dans ce cirque. Après, je pense que je ne les réutiliserai que sur un terrain à très fort dénivelé ou peut-être dans les futurs trails en montagne.
Et la surprise du jour, c’est un nouveau cadeau trouvé sur la route, comme si celle-ci voulait me récompenser d’être venu à sa rencontre. Après l’opinel hier, place aujourd’hui à un buff… ça sert toujours un buff ! En l’occurrence je l’ai mis sur l’un de mes bâtons de bambou pour me protéger les mains qui commencent à cloquer… bonne nuit dans la brume.
Bilan du jour : 11,7km – 1173m d+ – 583m d-