Jour 3 : Aurère – Îlet à Malheur – Grand place – Les Orangers


6h30 le réveil sonne. Le soleil est levé depuis 1h00 lorsqu’on sort notre nez de la tente pour regarder ce qu’il se passe dehors. Après un rapide habillage, place au rituel du petit déjeuner. Par manque de place j’ai dû abandonner mon lait au chocolat du matin pour le remplacer par du thé… c’est loin d’être pareil mais au moins j’ai une boisson chaude pour accompagner mes céréales. Ce premier repas de la journée est simple mais finalement rassasiant et plein d’énergie.

 

 

 

 

 

 

Il est 8 heures lorsqu’on est prêt à prendre la route pour une longue journée. On quitte Aurère pour attaquer notre première descente de la journée en direction de l’îlet à Malheur qui se trouve un peu plus loin. Ce premier îlet de la journée est magnifique, fleuri avec de belles maisons et de beaux jardins. Il y règne une atmosphère particulière sans que je sache la décrire précisément. Ça restera mon îlet préféré de ce cirque.

On n’en est encore qu’au tout début de la matinée, alors on ne s’attarde pas et on met le cap directement sur l’îlet à Bourse qui suit de prêt celui où nous sommes. En chemin, on passe par une bambouseraie. Je ne perd pas une seconde pour me fabriquer deux beaux bâtons de marche en bambou. J’ai toujours voulu tester les bâtons sans vraiment le faire. Aujourd’hui ce n’est plus une option. Il est indispensable d’avoir des bâtons si on veut randonner sérieusement dans Mafate. J’en profite également pour remplacer celui de Céline, un peu gros par un bambou flambant neuf.

 

 

 

 

 

 

On traverse l’îlet à Bourse sans que celui-ci me laisse un souvenir particulier. Je ne peux néanmoins pas en dire autant d’un bassin qu’on a rencontré au passage d’une rivière. Un magnifique bassin, pas très grand mais assez profond pour qu’on s’y baigne en entier. D’ailleurs les randonneurs nous précédant ne s’y sont pas trompés puisqu’ils sont en pleine séance de trempette.

On hésite beaucoup à s’arrêter et à prendre leur suite lorsqu’on les voit sortir doucement pour aller se rhabiller. D’un côté il fait chaud et on a vraiment envie d’aller se rafraichir dans cette baignoire naturelle mais d’un autre, on s’est déjà arrêté il y a 30 minutes pour faire la lessive à la rivière précédente et surtout on est parti d’Aurère il n’y a pas encore deux heures…

Finalement on poursuit notre marche d’autant que le chemin de ce matin est très agréable et joli. Principalement dans la forêt on s’arrete régulièrement en regardant sur nos pas pour apercevoir tout le chemin parcouru ce matin. Et comme souvent en montagne, plus le temps passe plus cela semble impressionnant, même si finalement les distances en elles mêmes ne sont pas très importantes.

Après une demie journée de marche, on s’arrête à Grand place pour la pause du midi et je crois qu’on peut définitivement dire qu’on ne trouvera pas de plat dans Mafate et qu’il faut qu’on se fasse aux escaliers… La pause se fait à l’ombre des arbres en entrée de Grand Place, un tout petit îlet situé avant une longue descente rejoignant une nouvelle fois la rivière galet, du moins c’est ce qu’on espérait pour pouvoir se baigner et ne plus regretter de ne pas s’être arrêté dans le bassin ce matin.

Mais avant d’entamer la descente on passe par le centre de Grand Place pour récupérer de l’eau et on tombe nez à nez devant la statue du fameux facteur de Mafate qui a parcouru 150 000 km à pied durant sa carrière en livrant le courrier dans tout le cirque par rotation d’une semaine. Il devait avoir la forme quand même le gars !

Après une petite photo souvenir on attaque la longue descente durant laquelle je trouve un bel opinel… et ça tombe plutôt bien puisque n’ayant pas de bagage en soute, je n’ai pas pu prendre le mien. Ça pourra toujours servir.

La rivière galet commence à se rapprocher et à se faire de plus en plus désirer. Comme toujours, la descente n’est pas des plus reposante pour les genoux. On y va tranquillement lorsqu’enfin on est proche d’elle… mais pas assez ! J’aperçois à travers les arbres une structure métallique… j’avance encore un peu et cette fois j’arrive à identifier ce que c’est : une passerelle qui enjambe la rivière ! Impossible de descendre se rafraîchir alors qu’on en rêve depuis un moment. Petit coup au moral mais on repart sans s’arrêter pour attaquer cette fois-ci la remontée vers les Orangers.

Toute la montée se fait à découvert. Il fait toujours chaud mais les grosses chaleurs de 14h sont maintenant passées. On arrive à monter sans souffrir du soleil. Néanmoins, là où les chemins de ce matin étaient vraiment agréables, cette fois-ci ce n’est pas le cas. Le chemin n’est pas très intéressant et on longe une canalisation d’eau (la canalisation des orangers) qui vient alimenter l’îlet des Lataniers se trouvant sur notre gauche mais vers lequel on ne passe pas. C’est ni plus ni moins qu’un gros tuyau en plastique noir le long du chemin.

La dernière partie de notre marche du jour est elle beaucoup plus poétique. Arrivés à la zone de captage des orangers (de là ou la canalisation tire son eau pour alimenter une partie de l’ouest de l’île) le paysage change. On se retrouve au fond d’une sorte de petit canyon à marcher sur de gros cailloux. Au milieu coule une rivière (sans Brad Pitt) venant alimenter un végétation bien plus importante qu’habituellement. La photo comme la lumière sont superbes !

Cette dernière heure d’ascension nous mène directement aux Orangers, îlet complètement disloqué sur plusieurs petites collines réunies par des escaliers dans tous les sens. On trouve un petit bar/épicerie où on prend notre première dodo (bière locale) ainsi que quelques bouchons plus que mérités.

 

 

 

 

 

 

Satisfaits de notre belle journée de marche, on entend la discussion d’un couple arrivé peu de temps après nous et attablé à côté qui nous déprime un peu… Ils ont fait plus de 20 km, 2000 de d+ et 2900 de d-. Et tout ça avec une mine resplendissante.

Alors c’est vrai que la fille arbore un maillot de finisher du trail de Bourbon (111km et 6500 de d+) mais quand même, c’est un peu vexant !

On installe notre bivouac juste au dessus du bar sur le seul terrain plat de l’îlet qui appartient justement au bar et qu’il loue comme place de camping… Bon, les tarifs sont un peu abusés mais on a un point d’eau, des toilettes et surtout une superbe vue sur les montages nous permettant encore une fois de profiter d’un beau coucher de soleil rosé.

Le soleil couché, le repas pris, on profite encore ce soir d’un ciel dégagé et étoilé qui nous permet de nous évader dans l’infini des galaxies.

Quelques étoiles filantes plus tard et poussés par le froid, on rentre se mettre au chaud dans la tente pour lire une petite demie heure avant de se coucher et se reposer pour une autre bonne journée qui nous attend demain. Il n’est que 21h15 lorsque j’éteins ma liseuse, mais dès lors qu’on vit dehors, on vit avec le soleil.

Bilan du jour : 12,4km – 1156m d+ – 1069m d-

  • mh

    Dur dur tous ces dénivelés, mais c’est magnifique

    • Sébastien

      plus que les dénivelés c’est le fait de les faire avec des escaliers qui fatiguent… on n’est pas habitué

  • Xelle

    C’est quoi un “îlet” ? Etrange comme non “Malheur” il a du se passer des trucs terribles ici 😉

    • C’est un îlot où hameau… c’est antillais et effectivement, l’îlet Malheur est le garde mémoire d’une tuerie de 40 personnes… mais je te laisse aller voir l’histoire complète sur Wikipédia ;o)