Jour 5 : Marla – Cilaos – Caverne Dufour

On reprend le rythme d’hier avec un lever à 6h pour bien profiter de la journée (sachant que le soleil se lève vers 5h). A peine levé, je fais deux/trois pas dehors pour dérouiller un peu les muscles à je tombe nez à nez avec mon cadeau du jour ! Oui je considère qu’après l’opinel et le buff, retrouver quelque chose ce matin au lever du lit, c’est clairement un cadeau ! J’adore cette randonnée ;o)

Aujourd’hui c’est donc une casquette Rossignol. Alors moi j’en ai (encore) une pour l’instant mais Céline n’en a pas prise (elle a choisi les tongs à la place) et comme elle a cassé ses lunettes de soleil dès le premier jour (et même le premier midi), cette casquette est plus que bienvenue pour elle. Ça lui permettra d’avoir les yeux qui souffrent un peu moins.

Le programme de ce début de journée ne change pas : petit déjeuner devant un paysage magnifique, la même montagne scellant le passage entre le cirque de Mafate et celui de Cilaos où seul le col du Täbit laisse un semblant de perméabilité entre les deux. Depuis hier soir le paysage n’a pas changé mais comme chaque nuit les nuages ont laissé place à un beau ciel bleu et dégagé. Un régal pour notre petit déjeuner qui nous permet d’anticiper encore une belle journée.

7h20, le rythme est réglé comme une horloge. On quitte notre bivouac avec le sac plein… sauf d’eau ! Alors on s’arrête un peu plus loin dans Marla pour remplir nos réservoirs dans un gîte ou pas moins 25 randonneurs allemands s’affairent dans le but de gravir la montée du Taïbit. On les prend de vitesse et on repart avant qu’ils ne soient prêts.

On traverses complètement Marla qui est assez grand. La montée commence doucement dans la « prairie » avant de se poursuivre rapidement dans la forêt. A peine la forêt rejointe, on aperçoit un hélico qui fera des allers/retours entre Marla et le nord ouest de l’île pour évacuer les poubelles et ramener du matériel en échange directement chez les habitants.

Il n’y a aucune route dans Mafate donc bien sûr une absence totale de voiture et du bruit qui va avec. Néanmoins, les hélicos sont loin d’être silencieux et se font largement remarquer dès 6h/6h30 du matin avec les premiers touristes qui viennent survoler le cirque pour quelques secondes de ce qui doit ressembler à un grand moment de contemplation fugace. Les hélicoptères « d’assistance » qui évacuent les poubelles ou viennent livrer les charges lourdes n’apparaissent dans le ciel qu’un peu plus tard.

La montée vers le col alterne les passages en forêt et ceux un peu plus à découvert nous laissant régulièrement admirer le paysage en nous préparant à celui qu’on pourra admirer un peu plus tard au sommet de notre ascension. La vue sur le Nord de Mafate est belle, n’en doutons pas, mais celle depuis le nord vers le sud est plus intéressante je trouve, voire, encore mieux, celle qu’on a depuis la Brêche, là où nous avons rejoint la descente du Maïdo et qui permet d’embrasser quasiment tout le cirque.

On profite tout de même largement de cette vue car ce sont nos derniers instants dans le cirque… c’est un peu triste car on a vraiment passé 3 jours magnifiques mais la suite qui nous attend promet d’être pas mal non plus.

Vue depuis le col du Taïbit avec Aurère en contrebas

 

Pour autant, ce n’est pas forcément ce que laisse présager la vue lorsqu’on se retourne du côté de Cilaos. Ce cirque est bien moins isolé avec beaucoup de maisons un peu partout. Le retour à la civilisation s’annonce pour bientôt et ne nous fait pas forcément envie… heureusement, ça ne sera que momentané, le temps de remonter quelques milliers de mètres au- dessus de la mer.

Comme toujours, la descente n’est pas très reposante, particulièrement pour les genoux mais le cadre est sympa. Encore dans la forêt ou traversant quelques zones à découvert nous permettant d’observer le piton des neiges… en tout cas d’observer une montagne où l’on sait qu’il y a le piton des neiges sans vraiment savoir de quel pic il s’agit. Loin de ressembler à une montagne toute pointue culminant au-dessus des autres, il s’agit plus d’un amas de petit pics les uns à côté des autres. Du coup sans le connaître, difficile de dire lequel domine l’océan Indien.

Le piton des neiges est là… quelque part

 

Lorsqu’on a fait notre pause hier pour boire la citronnade, le gars nous a appris qu’il y avait un bus qui allait de la route (en bas de notre descente) jusqu’à Cilaos et un autre du centre de Cilaos jusqu’au Bloc, point de départ pour l’ascension vers le piton des neiges. Il y a quand même 5 km entre le centre de Cilaos et le Bloc, chose que je ne savais pas.

Du coup, on hésite entre poursuivre notre parcours à pied en cheminant par le GR à travers la forêt directement jusqu’au Bloc sans passer par Cilaos ou prendre le bus pour nous éviter toute cette partie qui, d’après ce fameux gars n’est pas simple et peut-être pas non plus très intéressante. Personnellement, je préfère la première option car prendre le bus c’est un peu tricher.

D’un autre côté, la descente a été bien fatigante et on se dit qu’on peut commencer la montée au piton aujourd’hui en allant jusqu’au plateau du petit Matarum où il y a un cabane de l’ONF et une source d’eau. Donc tout le nécessaire pour bivouaquer. Le plateau se trouve à mi-chemin entre le Bloc et le refuge du piton des neiges. Toujours dans l’objectif de faire le piton, on se dit que ce qui sera fait aujourd’hui ne sera pas à faire demain.

Mais où est Charlie ?

 

Du coup la décision est prise, on prend le bus jusqu’au centre de Cilaos et on s’arrête pour manger au restaurant. Ça fait longtemps qu’on n’a pas mangé de légumes, alors on en profite pour commander une salade aux bouchons et aux samoussas (Mais il y avait quand même des légumes dans la salade ;o) D’ailleurs les samoussas seront excellents. Et bien sûr, La Dodo l’est là aussi…

Le repas terminé, on va prendre le bus qui nous emmène au Bloc, l’un des départs de l’ascension vers le piton des neiges. On attaque la montée par des marches bien évidemment, avant de continuer… par des marches. Néanmoins le rythme est plutôt bon et on arrive au plateau, à mi-chemin du refuge après 1h35 de montée au lieu des 2h annoncées. C’est bien la première fois qu’on a autant d’avance par rapport à ce qui est annoncé… voir qu’on a de l’avance tout court.

Un escalier

Un autre escalier, mais il n’a rien à voir avec l’autre

 

 

 

 

 

 

 

Lorsqu’on arrive, on jette un regard rapide aux alentours afin de voir où planter la tente pour s’apercevoir que le seul emplacement est déjà occupé par 2 mecs. On peut toujours leur demander de se mettre à côté… On les aborde pour discuter un peu avec eux en leur expliquant notre parcours et qu’on voulait dormir ici ce soir. D’un autre côté, vu la montée qu’on vient de faire et comme on est assez en forme on hésite à poursuivre jusqu’au refuge. Sauf qu’on n’est pas certain de pouvoir trouver un bivouac là-haut.

Lorsque j’ai appelé il y a quelques semaines pour réserver une place au refuge, je me suis fait non seulement éconduire pour un lit puisqu’il n’y avait plus de place, mais également pour planter la tente à côté. C’est interdit ! Pour autant on sait qu’il y en a qui arrive à y dormir donc on est perplexe.

Bref, la conversation tourne très vite à « franchement vous n’avez pas le niveau, nous on est monté en 45 minutes au lieux des 2h ». Mais du coup si t’es si fort pourquoi tu t’arrêtes déjà ici alors qu’il n’est pas encore 16h? Franchement ils nous saoulent assez vite, du coup on refait le plein des pipettes, des bouteilles d’eau et on repart en direction du refuge. On verra une fois là-haut comment faire pour dormir. Au pire, j’enverrai Céline avec son air fatigué, il ne vont quand même pas nous jeter à la tombée de la nuit !

C’est donc reparti pour une nouvelle série de marches. Au début on a la super forme, on avale les marches comme elles viennent et après la journée qu’on a déjà eu on se surprend même à se dire que s’il n’y a pas de quoi dormir à côté du gîte, on pourrait pousser dès ce soir jusqu’au sommet du piton pour y dormir comme je l’avais envisagé initialement.

On fait bien les fatigués non ?

 

Et puis la fatigue nous rattrape. On marche de plus en plus dans la brume des nuages. On ne voit pas le sommet de notre expédition tant les nuages sont denses, ce qui rend la montée encore plus difficile. On ne voit pas l’objectif pour se rassurer quant au reste à faire. Les 35 dernières minutes sont vraiment éprouvantes. En plus des marches, il y a de plus en plus de cailloux instables qui se dérobent sous nos pieds pour nous ralentir encore un peu plus.

A 20 minutes du sommet, on commence à guetter où nous pourrions bivouaquer mais il n’y a pas le moindre espace plan pour planter la tente. Finalement, on arrive enfin en vue de notre objectif. Quelques espaces de bivouac se dessinent mais on se les garde uniquement comme solution de secours. On monte les quelques mètres restant pour arriver au col et comme par magie le ciel se dégage. Les nuages laissent place au ciel bleu resplendissant. On a l’impression d’être en avion et de passer au-delà de cette couche qui nous plombe souvent nos journées.

Instant magique

 

Le soleil brille, le ciel est bleu et le refuge est enfin en vue. Il est environ 17h30 et là on se dit qu’on ne pourra plus continuer jusqu’au sommet, sous aucun prétexte. En s’approchant du refuge on rencontre des campeurs qui se sont installés dans le « maquis ». En discutant avec un local, j’apprends qu’il y a une zone de bivouac juste après le refuge et qu’elle est faite pour planter la tente… c’est à n’y rien comprendre ! Pourquoi lorsque j’ai appelé le refuge, ils ont refusé que je m’installe à côté ?

Le piton de la Fournaise en haut à droite

 

On est bien content de pouvoir monter la tente rapidement. La vue est incroyable. Le soleil se couche nous faisant profiter d’une variation de couleur rosée au dessus des villes de l’Est de l’île. Des villes on n’en n’aperçoit pas grand chose puisqu’elles se trouvent sous les nuages. Par contre, on peut admirer en arrière plan le piton de la Fournaise qui lui aussi s’est drapé de rose pour notre plus grand bonheur. Ça nous rappelle notre dernière venue où on avait passé la soirée en haut du volcan pour le coucher de soleil dans des conditions un peu similaires (en passant au dessus des nuages). L’ambiance est la même, les couleurs sont les mêmes, le bonheur d’être là est le même…

La soirée sera très courte. On rentre dans la tente vers 20h sans même sortir de quoi lire. La journée a été plus qu’intense (bien plus que prévue), on a même battu notre record de tous les temps de dénivelé positif dans la journée. Et puis surtout, demain le réveil sonne à 2h30 pour partir faire l’ascension afin de profiter du lever du soleil en haut du piton. Même en se couchant si tôt et avec le froid qu’il fait, on trouve le sommeil assez rapidement. Demain une longue et belle journée nous attend pour clôturer notre trek.

Bilan du jour : 10,8km – 1562m d+ – 821m d-

Lieu de bivouac


Jour 6 : Caverne Dufour – Piton des neiges – l’Hermitage


Il est 2h30 lorsque le réveil sonne. Ça fait 30 minutes que je suis réveillé et que je guette les bruits de discussions émanant du refuge. J’ai déjà sorti la tête deux fois de la tente pour m’assurer que personne ne commençait la montée. J’avais compris que les personnes du refuge démarraient vers 3h mais je ne voudrais pas avoir fait une erreur et partir en retard.

En fait non, c’est juste que 50 personnes à bouger c’est beaucoup plus long que 2… on s’habille, on range rapidement nos affaires dans la tente pour alléger nos sacs au maximum tout en les gardant pour avoir de l’eau avec la pipette mais aussi pour emmener le petit déjeuner avec nous.

Pendant ma dernière randonnée dans les Pyrénées, j’ai pris mon petit déjeuner au sommet du pic du Bastan lorsque j’en ai fait l’ascension pour le lever du soleil. Je trouve qu’il n’y a rien de mieux que de se faire chauffer son chocolat chaud ou son thé et de le déguster devant un tel spectacle. J’ai donc voulu réitérer l’expérience et en faire profiter Céline.

On débute l’ascension à 2h50 en étant dans les premiers à partir. On se fait rejoindre progressivement et quelques petits groupes passent devant nous. Pour autant on garde un bon rythme en restant relativement devant. C’est ce que nous voulions pour éviter l’effet Stromboli vécu il y a quelques années où j’en avais fait l’ascension. Cette attraction touristique vous prend au piège dans une chenille ininterrompue de gens montant voir le cratère en activité de ce volcan.

Là, sans dire qu’on est en intimité, on reste dans une situation acceptable, même si on voit se dessiner une belle ligne de points blancs pour autant de frontales allumées révélant l’étendue de cette lente procession.

Les deux heures de montée se font dans les scories du volcan. Rarement le pied se posera sur un terrain stable et le tapis de cailloux commence à se faire sentir sous la semelle de nos petites chaussures de randonnée.

Les derniers 100 mètres de dénivelé sont un peu plus éprouvants. Céline ralentit le rythme alors que l’aube pointe le bout du nez. Je l’exhorte à accélérer pour ne pas louper les quelques instants fugaces où le ciel change de couleur pour passer du noir au rouge intense. C’est cette partie de l’aube qui est vraiment intéressante, les quelques minutes de l’aurore avant même le lever du soleil (qui a un intérêt finalement bien moindre). Ce sont les quelques minutes où la nuit tend à disparaître au profit du jour dans un embrasement de couleurs qui rendent ces 2 heures d’effort et le lever matinal aussi insignifiant qu’une petite balade digestive.

Les dix dernières minutes se font à un rythme soutenu. Il n’y a plus de cailloux, la pente se réduit et surtout on aperçoit enfin le sommet. Au passage, on passe devant quelques tentes plantées dans des sortes de demi igloos en pierre les protégeant du vent qui peut être glacial à cette altitude de 3070 mètres. Il s’agit ni plus ni moins qu’un muret en cercle sur une hauteur pouvant varier de 50 cm à un bon mètre selon les constructions.

On peut maintenant dire qu’on a réussi… on a fait l’ascension du piton des neiges et je ne m’en n’étais pas rendu compte, mais jusqu’ici Céline n’y croyait pas encore. La pression retombe, le doute s’évapore et la joie l’envahie. Évidemment, ça fait beaucoup d’émotions en quelques instants et les digues tombent laissant des larmes de joie l’envahir. Quel plaisir et quelle joie pour moi d’avoir pu l’emmener jusqu’ici même si je n’avais pas le même doute qu’elle sur l’épilogue de ce trek.

On arrive à 4h40 au sommet, très exactement 1h50 après notre départ. On s’installe un peu à l’écart de la foule qui va très vite grossir pour profiter de ces instants magiques. Paradoxalement, j’ai beau avoir une mémoire peu fonctionnelle, ces moments assez fugaces restent profondément gravés dans mon esprit. Je me souviens encore parfaitement, de notre lever de soleil sur le mont Bromo ou encore celui en haut du mont Batur… pourtant, c’était il y a plus de 10 ans !

Aujourd’hui encore, je prends le temps de marquer mon esprit de cet instant. Le piton de la Fournaise au loin d’où les lueurs du jour commencent à onduler sur l’horizon. Les nuages qui ne se sont pas levés cette nuit au dessus des villes de l’Est de l’île forment un tapis de coton ondoyant sur les sommets en contrebas laissant transparaître ici et là quelques lueurs d’habitations.

Un peu après 5h, alors que le soleil monte de plus en plus sous l’horizon et que le ciel a adopté un visage changeant moins rapidement, je lance le petit déjeuner. Il faut dire qu’à 3070 mètres à 5h du matin il ne fait vraiment pas chaud. Un bon thé pour se réchauffer et nos traditionnels céréales du matin pour reconstituer un peu les forces perdues dans cette montée qui n’était pas de tout repos. Tout ça nous permet de continuer à contempler le spectacle jusqu’au moment où, à 5h24 précisément, le disque orange du soleil apparaît à l’horizon.

Après tout va très vite, la lumière envahit tout l’espace, le soleil est très vite plein dans le ciel et continue son ascension à une vitesse folle comme si on avait accéléré le temps à partir du moment où il était apparu.

Rapidement après le lever, on commence à profiter un peu de environs et à aller admirer les autres vues du sommet dont celle sur le col du Taïbit par lequel nous sommes sortis de Mafate hier. On prend tout notre temps pour faire des photos souvenirs avant d’amorcer notre descente vers 6h15 alors que la plupart des gens sont déjà partis depuis un moment.

On mettra plus de 2h30 pour regagner notre camp de base, soit plus que pour monter. La descente a été très douloureuse, on a bien expérimenté les limites d’avoir des petites chaussures de randonnée. Sur la fin, chaque cailloux roulant venait laisser une trace dans notre voûte plantaire nous rappelant que nous étions sur un volcan et pas sur un chemin forestier du Jura. Ça ne nous rassure pas pour le reste de la descente puisqu’en arrivant à la tente nous n’avons fait qu’un bon tiers de l’ensemble.

C’est le refuge le petit point blanc

 

On prend le temps de se reposer un peu avant de plier la tente et de refaire les sacs pour poursuivre notre descente. D’ailleurs, à peine reparti je trouve mon cadeau du jour : une paire de chaussettes Adidas… bon faut pas pousser, celles là je les laisse là. Dommage que ce ne soit pas des chaussettes de compression car je les aurais prises pour le coup, ça aurait été l’occasion d’essayer ;o)

La descente est longue mais elle se passe assez bien, mieux que la descente du piton en tout cas. Il nous faudra 2 bonnes heures pour arriver au Bloc en gardant un bon rythme, particulièrement sur la fin puisqu’on terminera le dernier kilomètre à vive allure, voir en courant sur certaines portions afin de s’assurer d’avoir le bus pour Cilaos. Le prochain est dans longtemps, alors ne perdons pas de temps, d’autant qu’on a une correspondance directe à Cilaos pour Saint Louis.

Finalement à Cilaos il est pas loin de 13h, et l’estomac se rappelle à notre bon souvenir. On est levé depuis plus de 10h avec une activité assez soutenue pendant cette période alors on ne se voit pas refaire 1h30 de bus le ventre vide. Le prochain bus pour Saint Louis est dans 1h15, c’est juste ce qu’il faut pour aller manger.

On se prend un sandwich américain aux bouchons, ça nous rappelle, là encore, des souvenirs de notre dernier passage. Par contre, ce qui est moins agréable, c’est qu’on revient dans la vie civilisée pour la première fois depuis 5 jours et qu’on a beau avoir fait une toilette tous les jours et fait quelques lessives (même si on n’a pas pu le faire ces deux derniers jours), on pue ! C’est pas qu’on sent mauvais, ou qu’il y a quelques odeurs de transpiration, non, on pue littéralement.

Quand je me revois dans le snack en train de passer ma commande, je vois pépé le putois avec toutes ces vapeurs de puanteur autour de lui. J’ai honte, je n’ose même pas rester dans le restaurant. J’attends d’ailleurs ma commande dehors. On prend la table la plus à l’écart des autres clients mais ce la ne suffit pas. Il y a des collégiennes à côté de nous qui se moquent assez ouvertement avec toute la délicatesse d’un jeune… j’ai rarement eu aussi honte.

Faut dire qu’on a eu des journées plus qu’intenses et qu’une toilette au gant ne remplace pas une douche. C’est à prendre en compte pour la prochaine fois !

C’est donc avec cette pancarte autour de notre cou marqué « je suis sdf et je pue la mort» qu’on prend nos bus pour Saint Louis puis l’Hermitage plage. On n’avait pas prévu de venir passer une journée sur le bord de mer, le planning de la semaine ne le permettait pas. Mais comme on a accéléré le rythme sur la fin et qu’on a réussi à faire les 3 derniers jours en 2, on s’autorise une petite journée de repos sur le lagon près de Saint Gilles là où nous avions terminé nos vacances il y a 6 ans.

La sortie du cirque de Cilaos n’est pas des plus évidente, surtout en bus. Cilaos est connu pour sa route aux 400 virages et effectivement, je veux bien croire qu’il y ait autant. Dans certains tunnels, le bus passe avec moins de 20 cm tout autour de lui. C’est incroyable et pourtant il ne touche pas la roche, pas une seule fois.

Arrivés à l’Hermitage, il nous reste 15 minutes de marche jusqu’au camping (pourquoi changer, on a une tente !) et on comprend en s’approchant pourquoi le camping avait quelques avis négatifs quant au bruit. Ce n’était pas des jeunes qui passaient la soirée sur la plage, non, c’est carrément une concentration de discothèques et autres cabarets de nuit qui se trouvent à 50 mètres du camping… Bon finalement il n’y a pas eu tant de bruit et cela ne nous a pas empêché de dormir.

On n’est pas tout à fait sur la même plage qu’il y a 6 ans, on ne l’a pas retrouvée mais ça ira bien pour les quelques heures qu’on va passer ici à se reposer. La priorité maintenant qu’on est arrivé, ce n’est pas de monter la tente, ni de trouver de l’eau mais bien de : 1- lancer une machine à laver de toute urgence avec l’intégralité du contenu de notre sac. On ne garde que le maillot de bain sur nous et 2- prendre un longue douche pour se laver.

Finalement, on lance la machine mais on reporte la douche pour d’abord aller profiter du lagon avant que le soleil ne se couche. Il nous reste moins d’une heure alors ça serait dommage de ne pas se baigner ce soir. Même si la mer n’est pas aussi chaude que je l’espérais, ça fait du bien de pouvoir se délasser dans l’eau. Un bain a un tel pouvoir relaxant, c’est incroyable. Un must après 5 jours de randonnée :o)

Au retour de notre baignade on prend cette fois-ci notre douche et on récupère notre linge propre, sec et qui sent bon… enfin qui ne sent rien et surtout pas le putois donc c’est pareil !

Après le coucher de soleil sans grand intérêt ce soir (on ne peut pas être au dessus des nuages tous les jours) on trouve un petit bar branché rempli d’expat’ avec un concert de reggae, yes man ! On s’installe d’abord pour boire un verre, puis finalement pour y manger. On ne peut pas dire que le reggae soit ma tasse de thé mais ça anime la soirée.

A 22h on est au lit… et oui retour à la civilisation et du coup on se couche tard ;o)

Bilan du jour : 10,5km – 600m d+ – 1658m d- 

We did it !


Jour 7 : L’Hermitage – Saint Denis – Bréthencourt


 

Enfin une grasse matinée, la première de la semaine. Il est 7h (oui tout est relatif…) quand on sort la tête de la tente pour regarder ce qu’il se passe dehors. Le soleil commence à chauffer notre intérieur et une bonne partie du camping est déjà debout. Du coup, on ne s’attarde pas trop et on s’habille pour aller prendre notre petit déjeuner à la boulangerie d’à côté qui se révèle être très bonne, et même bien plus qu’espéré.

On a beau être au bord du lagon sur une île qu’on adore, il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui c’est le retour en France… et ça, c’est pas une bonne nouvelle. Alors on va en profiter au maximum. Notre avion décollant à 23h40, ça nous laisse le temps de faire pas mal de choses, à commencer par une petite baignade post petit déjeuner. La mer me semble plus froide qu’hier et les coraux morts et autres cailloux sont toujours présents sur le bord de plage, formant une barrière sur les premiers mètres de la mer rendant son accès assez compliqué en étant pieds nus.

Après cette première baignade détente, en retourne plier la tente et ranger les affaires. On doit laisser la place de camping pour 10h mais on peut laisser nos sacs dans le local du gardien. C’est aussi pour ça qu’on a préféré le camping à une chambre AirBnB. On pensait bien rester une partie de la journée ici et profiter de la douche après la mer et avant de prendre la direction de Saint-Denis et de l’aéroport.

A peine les sacs posés, nous revoilà sur les bords de plage pour profiter de ces quelques heures de détente bien méritées finalement.

Emilie nous fait la bonne surprise de nous rejoindre pour le déjeuner. C’est bien cool de la revoir encore un peu avant de partir et on passe nos 3 dernières heures ici ensemble à lui raconter notre périple.

Il est 15h lorsqu’on se sépare. On part se préparer puis direction Saint-Denis en bus. J’avais prévu d’aller au Petit Marché avant sa fermeture pour y faire le plein de vanille (on vient de terminer celle ramenée la première fois) mais comme on est le 11 novembre, c’est fermé. On fait tous les magasins de la ville mais rien à faire, il n’y a de la vanille nul part ! A croire qu’elle n’est vendu qu’au marché ici. Ça sera la grosse déception du voyage (mais aussi la seule).

Du coup, on tourne un peu dans le centre, Céline en profite pour acheter un tee-shirt avant d’aller au restaurant qu’on avait réservé (sur les conseil de Cyrille). Du typique des îles bien sûr ! On se fait un bon repas avant de prendre notre avion et de rentrer en France. D’ailleurs le retour est plutôt rapide, car à peine assis dans l’avion je m’écroule directement. Je n’ai même pas vu les plateaux repas des gens qui mangeaient dans l’avion. J’ai dormi pas loin de 7 heures (même si c’est d’un sommeil léger) sur les 12 du trajet. Du jamais vu !

Les Alpes…


La Réunion : Le bilan

Hormis New-York, c’est la première fois qu’on revient sur nos traces pour un deuxième séjour dans un pays qu’on a déjà visité (une île en l’ocurence). Il y a tellement d’endroits dans le monde qu’on veut découvrir et qu’il faut découvrir, qu’on n’a jamais voulu revenir au même endroit. Pour autant, on a toujours su, à peine quitté l’île de La Réunion il y a 6 ans, qu’on reviendrait.

Et définitivement on n’a aucun regret tant cette île est magnifique. Les paysages sont variés, les possibilité sont variées. On s’y sent bien, vraiment bien.

D’un point de vue organisation, la bonne découverte de ce voyage c’est la compagnie low cost French Blue qui n’a vraiment rien à envier à d’autres grosses compagnies où le billet d’avion peut y être beaucoup plus cher. Si on en a l’occasion, on repartira avec eux sans aucune hésitation. A tous ceux qui ne connaissent pas La Réunion, profitez-en !!! Le billet commence à 450€ l’aller/retour par personne. C’est 2 A/R Paris/Marseille en TGV.

Côté trek, la surprise (plus ou moins bonne) c’est la configuration du terrain dans le cirque de Mafate. J’avais lu qu’il y avait pas mal d’escaliers (et j’avoue, j’avais oublié ce détail avant d’arriver) mais c’est au delà de ce que j’imaginais. Il n’y a QUE des escaliers, en montée ou en descente. Le plat n’existe pas dans Mafate, ce qui rend les randonnées plus difficiles qu’ailleurs. Sur le papier nos journées étaient plus que faisables (regardez la distance et les dénivelés à la fin de chacune de journées) mais la réalité est toute autre. Évidemment ça reste faisable puisqu’on a réussi et qu’on n’a pas non plus relevé le défis du siècle, mais franchement je ne m’attendais pas à une difficulté si importante pour de « petits » parcours comme on a fait.

La première fois qu’on est venu, j’avais Pierre sur le dos c’est pour ça qu’on n’a pas fait Mafate ou le piton mais faut bien avouer qu’à l’époque, le cirque nous impressionnait un peu. Si vous venez, allez-y, pas forcément comme nous, mais allez-y. Il y a de quoi y faire des randonnées plus faciles, moins longues. On peut rester dans le cirque moins longtemps, on peut dormir dans un bon lit en gîte (encore que le « bon » reste à vérifier) et manger de bons caris ou du rougail saucisse le soir mais il faut vivre cette expérience de Mafate. Et si vous avez la forme (mais vraiment la forme), le piton des neiges est également une expérience à ne pas manquer (mais attention à ne pas le sous estimer avec son altitude « relativement » basse, genoux fragiles s’abstenir).

Je terminerais avec le « comment » on a fait ce trek. Franchement, passer 5 jours en autonomie complète dans le cirque de Mafate ou sur les pentes du piton des neiges, c’est assez extraordinaire. Ça renforce ma conviction que ce sont les vacances que j’adore. Initié en septembre dans les Pyrénées, plus particulièrement dans la magnifique réserve du Néouvielle, je suis définitivement convaincu par ce mode de vacances.

Partir avec tout ce dont on a besoin sur le dos, pouvoir s’arrêter quand on veut, changer son itinéraire à sa guise, préparer et prendre ses repas dehors devant des paysages plus magnifiques les uns que les autres, c’est ça la vie…

Ça se résume assez bien par la sensation très puissante que j’ai eue lorsque j’ai fait le lever de soleil en haut du pic du Bastan, cette sensation d’être exactement à sa place, ni plus ni moins que là où je devais être. Je reste lucide, il s’agit de vacances, courtes qui plus est, mais c’est bon de revenir au plus bas niveau des besoins vitaux : Trouver de l’eau, manger, dormir… et vivre

Bilan du trek : 55,5km – 5525m d+ – 5151m d- (ça fait beaucoup de 5 tout ça)