Enfin une nuit excellente. Mon idée de falaise bienveillante n’était pas si bête : tout le monde est reposé et je commence à retrouver la forme.
Aujourd’hui c’est la descente dans les falaises avec les échelles dogon tant craintes par Agnès.
On termine d’escalader l’impressionnante falaise. Devant nous un pont qui passe au-dessus d’une crevasse : la tension monte. Puis on arrive à la faille dans laquelle on va descendre : génial ! On passe les sacs et on emprunte les échelles Dogon, un jeu d’enfant et enfin de la nouveauté.
Le paysage est magnifique au sortir de la falaise avec d’anciennes habitations Tellem. Après une petite pause, on continue de descendre. Les genoux payent pour les autres jours.
Une fois dans les plaines, on rejoint un village où nous déjeunons. Malgré notre départ matinal, nous arrivons sous la chaleur écrasante. Bière et salade mais il fait trop chaud pour la sieste. J’écris pendant que mamour part se balader.
Il revient enchanté d’une balade chez un sculpteur du village où un garçon l’a emmené. Du coup je pars avec lui et quelques autres voir cet artiste. Original, il mêle la sculpture traditionnelle Dogon au bois qu’il utilise, il respecte les formes, la fibre, l’aspect du bois qu’il utilise. C’est magnifique. Malheureusement on a terminé nos achats la veille, faute de cheval, on a acheté une porte Dogon.
On repart pour 2 heures de marche. A l’arrivée, un mignon petit campement avec des toits séparés et une bonne douche. Pendant le dîner, Ibrahim nous dit que les ados ont préparé un spectacle de danse traditionnelle, payant bien sûr !
On accepte et ils arrivent sitôt la tisane avalée. Au début, rien d’enchanteur. 3 ados qui tapent sur des tambours et les gamins qui se trémoussent timidement. Appelés par la musique, les villageois affluent. Les plus grands commencent à danser sur les rythmes tribaux. Garçons, filles, même des femmes avec leurs bébés dans le dos. Ca y est, ils nous ont oubliés, le spectacle ce n’est plus pour nous les blancs assis mais bien un peuple qui fait la fête au rythme des tam-tams. Les femmes tapent dans les mains, le rythme est partout : ambiance !
Vers 21h une poignée du groupe se lève pour aller se coucher. Malgré notre désaccord à tous les deux, Ibrahim demande aux fêtards de s’arrêter : les blancs vont se coucher !
Enorme déception, nos compagnons de voyage ne sont donc pas là pour partager des moments avec une autre culture, ce ne sont que des touristes comme les autres. Ils se venteront d’avoir donné 20€ pour une école et penseront avoir sauvé l’Afrique : pathétique.
C’est un moment rare et j’adore quand il arrive : mamour s’énerve, il défend ses convictions et remet bien à sa place tous ces soit disant aventuriers nombrilistes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur Quechua !
Ibrahim a compris notre position et nous propose d’aller voir les filles qui continuent certainement un peu plus loin dans le village. On part avec Geneviève et on feint de ne pas voir les autres qui nous suivent penauds d’avoir été ainsi découverts.
Là-bas la fête continue mais que pour les filles. Les garçons n’ont pas le droit de danser, sauf pour les cérémonies.
On se fait embarquer avec Geneviève dans la ronde et on tente de mimer leurs gestes sans le rythme qu’elles ont si facilement. On est gauche, mauvaise, mais on est là, au milieu d’un village qui nous accueille les bras ouverts pour partager un moment de fête. Plus de bic, de bidon, de cadeau…
Mamour lui a trouvé un interprète : un garçon lui explique le sens des danses et lui apprend les paroles pour qu’il se joigne à la fête
Moment magique. Cette journée était vraiment la plus inoubliable du séjour. On part se coucher sans sommeil prêt à repartir danser.