Jour 6 : La Jonction

Il y a eu un gros orage cette nuit. Du coup lorsque je plie la tente, elle est encore trempée. Je suis bon pour la déplier à la maison et prévoir un bon nettoyage.

Je pars prendre mon petit déjeuner dans une boulangerie comme hier, mais aujourd’hui je suis au pied du téléphérique de l’aiguille rouge. J’ai beaucoup moins de réussite. Bien qu’il y ait beaucoup de monde (tous les alpinistes qui attentent la première montée sont là), le repas n’est pas bon. Du coup je n’y prends pas mon sandwich pour ce midi. Ce n’est pas très grave, c’est une rando courte, je vais rentrer tôt.

Je pars garer la voiture à “Le Mont” pour faire ma randonnée du jour : La Jonction. Il s’agit d’une montée assez abrupte dans une langue de terre coincée entre 2 glaciers : celui des Bossons et celui de Tacannaz. Le but est de monter jusqu’à la jonction des deux.

Je me mets en chemin et j’aperçois le premier panneau : 4h50 de montée ?!! Ça veut dire 7 à 8 heures aller/retour. Je n’avais pas du tout prévu cela. J’ai même interverti ma randonnée d’hier pour garder celle-ci aujourd’hui pensant qu’elle était plus courte et que cela me permettrait de rentrer plus tôt à la maison.

Maintenant que je suis là , de toute façon, je ne vais pas faire demi-tour. Tant pis, c’est parti. Je sors les bâtons et je pousse fort !

Le bout de la langue du glacier des Bossons

Je fais une première pause après une trentaine de minutes au chalet du glacier des Bossons. Il y a une petite exposition extérieure expliquant la vie du glacier et sa longue fonte pour se réduire drastiquement. Ce n’est pas aussi désolant que la mer de glace mais ça me fait mal…

Il y a aussi quelques panneaux et même des objets du film « Memphis bell » avec Jacques Villeret qui a été tourné ici et même dans le glacier puisqu’à l’époque une galerie avait été creusée à l’intérieur… disparue depuis avec la fonte des neiges.

D’ailleurs, c’est pendant cette pause d’observation que j’entends un énorme bruit. Comme une déflagration. J’identifie très vite l’origine, un énorme bloc de glace vient de se détacher du glacier et d’exploser en poussière… Voilà un phénomène bien visible de chez nous du réchauffement. La lente agonie des glaciers, qui année après année reculent et laissent le terrain à la roche dans un processus qui ne faiblit pas d’année en année. C’est un coup au moral mais il faut repartir !

Je relance donc dans les lacets de la forêt jusqu’aux alentours de 1800/2000 mètres d’altitude et le chalet des pyramides. Le chemin est très abrité sous les arbres avec quelques belvédères de temps à autre pour admirer l’un ou l’autre des glaciers. Chaque fois c’est une vue magnifique. Je ne regrette vraiment pas le choix de mes randonnées.

Le chalet se trouve à peu près à mi-chemin et j’y suis parvenu en 1h et demie. Le rythme est très bon, je devrais parvenir au sommet plus rapidement qu’annoncé.

La deuxième partie de la montée est plus sauvage, la végétation a disparu et je suis dans les cailloux. Le chemin est maintenant balisé par des points rouges peints à même les rochers. Il faut faire attention pour ne pas les manquer. Certains passages nécessitent de l’escalade et je dois même rebrousser chemin à quelques reprises car je me suis égaré.

Le glacier presque à porté de main

Totalement différente de la première partie, le paysage n’en n’est pas moins beau, bien au contraire, puisque sans végétation j’ai une vue dégagée sur cette minéralité. J’approche même du glacier des Bossons jusqu’à pouvoir le toucher. C’est impressionnant.

J’arrive à la Jonction à 2500 mètres… la vue est incroyable : la Jonction avec les deux glaciers, le Mont Blanc presque à portée de main, l’aiguille du midi et son téléphérique, le Tacul… bref, je suis au pied de tous ces mythes avec en prime une vue totalement surréaliste sur le glacier du Bosson.

Nous sommes 3 lorsque j’arrive en haut et quelques personnes nous rejoindront pendant mes 45 minutes de contemplation. Le vue est tellement incroyable et différente de ce qu’on peut connaître dans nos campagnes. Même lorsqu’on connaît la montagne en hiver, on ne connaît pas ce type de paysage. On a l’impression d’être devant des blocs de roche mais blancs. On peut sentir la puissance du glacier qui compresse et déforme toute la glace qui s’y trouve, et pourtant il y a une certaine paisibilité ici voire fragilité… une dualité vraiment étrange

Quel paysage incroyable !

 

J’ai du mal à me décider à repartir mais il commence à faire froid. Je ne me suis pas assez équipé aujourd’hui et la fraîcheur de l’altitude me gagne.

Je prends donc le chemin de retour en marchant vite, voire en trottinant de temps en temps pour franchir les gros rochers et ne pas avoir à forcer sur les cuisses. Je trottine de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps. Très vite je me mets à courir car finalement c’est moins fatiguant que de marcher en retenant chacun de mes pas dans la descente. Et puis comme ce n’est pas ce que je préfère la descente, je me dis que ça ira plus vite.

Une vue totale sur le massif des aiguilles rouges et les Fiz au loin

Contre toute attente et après ces 6 jours de randonnée intensive, j’arrive en bas en pleine forme. Je suis monté en 3h et descendu en 1h30 pour une montée annoncée en 4h50 (bon soyons honnêtes, j’ai regardé après coup sur internet et très peu de personnes montent en 4h50, c’est largement sur-estimé). Je suis content de mon état de forme. Je me dis que mon année d’entraînement à la course porte ses fruits. C’était le moment de prévoir un trail dans les 2 semaines :o)

Arrivé en bas, je me trouve un torrent pour faire une grosse toilette avant de prendre la route car je suis trempé. Et puis, rouler 6 ou 7 heures en étant propre c’est quand même plus sympa.

Sur le retour, j’apprends que Céline, Chantal et les enfants passent la soirée à Chartres pour aller voir un concert d’orgue dans la cathédrale. Les enfants avait entendu la répétition plus tôt dans la semaine et voulaient revenir, alors je les rejoins là-bas pour passer la soirée ensemble.

Une petite semaine incroyable qui se termine…

bye bye !

  • Xelle

    ouaouuuu les photos !!! et quelle fin !

    • C’est surtout l’endroit qui était incroyable et effectivement c’était magnifique pour terminer les 5 jours. Un grand moment