Jour 4 : Col du Brévant – Chamonix

Il y a eu quelques gouttes cette nuit. Au réveil, la tente est mouillée mais surtout le ciel est resté complètement couvert. A partir de 4h, j’ai passé la tête dehors régulièrement pour voir si le ciel étoilé valait le coup mais surtout pour savoir s’il fallait que je me lève plus tôt pour profiter de la vue en montant encore un peu.

Finalement, entre le ciel couvert et la vue dégagée que j’ai d’ici, monter en haut du Brévant ne m’apporterait pas grand-chose. Je reste donc au chaud et dors jusqu’à 5h30. J’ai un réveil dans la tête !

Le Lever de soleil n’est pas aussi beau qu’espéré. J’ai encore en tête celui que j’avais fait en haut du pic du Bastan l’année dernière qui été extraordinaire, spécialement après l’ascension que j’avais faite de nuit. Mais aujourd’hui le crois que je n’en aurais pas eu la force.

Je reste là où je suis pour profiter des quelques couleurs orangées du matin en prenant mon petit déjeuner face au Mont Blanc et au glacier des Bossons. Rien de tel pour commencer une bonne journée.

Je prends mon temps ce matin en partant vers 7h. Le problème, c’est que je ne sais pas quoi faire aujourd’hui. Dans 2 heures je suis à Chamonix avec une journée d’avance sur ce que j’avais prévu et après je fais quoi ?

Le glacier des Bossons au fond

Je commence la descente en me disant que je trouverai bien une petite rando à faire sur la journée une fois en bas. Laissons-nous porter.

Et puis sur le chemin du retour je croise un panneau qui indique Lac Cornu et lacs Noirs. Je ne sais pas pourquoi mais cette destination m’intrigue. Le chemin repart en montée dans la montagne. Le temps est assez menaçant, je n’ai pas du tout préparé cette randonnée, je ne sais même pas où elle va mais je sens comme une attirance vers cette destination. Ce panneau placé juste devant moi m’intrigue, m’appelle même. Après tout, je n’ai rien de planifié aujourd’hui , alors laissons un peu de place à l’imprévu.

Je m’élance donc dans cette nouvelle montée jusqu’au col du lac Cornu dans un premier temps. De ce côté de la chaîne des aiguilles rouges, la neige est très présente et je traverse d’importants névés à plusieurs reprises. J’y vais toujours avec beaucoup de précautions, car malgré tout, une chute peut m’entraîner assez loin en bas… voire très bas !

Beaucoup de neige de ce côté…

Là-haut, j’ai une vue sur le lac Cornu. C’est vraiment beau mais ce n’est pas assez. J’hésite un peu mais le lac est loin en contre-bas, sans chemin visible pour y accéder. J’ai besoin d’eau car il n’y avait rien hier soir pour m’approvisionner. Je tente donc le chemin qui continue vers les Lacs Noirs.

Le chemin est très mal balisé, je dévie à plusieurs reprises, dont une fois sérieusement dans la neige. Habituellement, à cette époque de l’année, le tracé est bien indiqué à travers un chemin dans la roche… aujourd’hui, je traverse la neige sur 1/4 du parcours et donc sans balisage.

J’arrive enfin au lac Noir supérieur. C’est très beau. Le lac commence à peine à dégeler et l’eau noire contraste avec le blanc immaculé de la neige. C’est incroyablement beau.

Le Lac Noir et la chaîne du mont Blanc

Mais le lac est encore en contre-bas et donc inaccessible pour prendre de l’eau. Je continue vers le lac supérieur. On ne peut plus parler de névé ou de plaque, maintenant je suis complètement dans la neige, il n’y a que ça.

Je repère le lac, tout petit et tout gelé, impossible de prendre de l’eau. Impossible même de s’en approcher sans risquer de tomber dedans. La démarcation entre l’eau et la neige n’est pas claire. Je ne prendrai pas le risque de m’approcher.

En contemplant un peu le paysage, j’entends comme un suintement. Il y a un lac, alors il y a probablement une évacuation quelque part. Je pars à sa recherche. Pas simple mais je finis enfin par trouver. Le lac est en fait au pied d’un précipice qui tombe quelques dizaines de mètres plus bas. Je m’approche pour découvrir un autre lac d’une beauté incroyable. Là encore le dégel commence à peine et les couleurs noires intenses et blanc bleuté tranchent pour donner une œuvre d’art.

Lac Noir supérieur… D’une incroyable beauté

Je refais le plein d’eau et je reste là dans le froid à contempler cet endroit incroyable. Ce lieu restera dans les moments forts de ce voyage, tant par la beauté que par le fait que c’était complètement imprévu. Comme quoi, il faut savoir écouter son instinct et laisser un peu d’imprévu se glisser dans le programme.

En repartant, je croise Agnès qui n’ose pas franchir un endroit un peu technique pour récupérer un chemin redescendant à Chamonix. Je la guide et on fait un bout de chemin ensemble.

Je termine la redescente jusqu’à Chamonix comme je l’ai commencée il y a 4 jours, sous le téléphérique de la Flégère. La perte d’altitude apporte beaucoup plus de chaleur que j’en ai connu ces derniers jours. C’est bizarre de revenir à la civilisation avec tout ce monde, ces voitures, les infrastructures… bref, c’est assez incroyable comme en 3 jours on peut déconnecter complètement. Mais je ne suis pas mécontent de la douche qui m’attend !

Je m’installe au camping pour les 2 prochains jours. Coup de chance, je prends la dernière place de disponible. Moins chanceux, je suis juste à côté du bloc des sanitaires et du point de rassemblement de tout le camping. Le début de nuit va être sympa. D’un autre côté, c’est clairement un camping de randonneurs et d’alpinistes alors l’ambiance est plutôt sympa.

En toute intimité !

Je m’installe et je pars visiter un peu le centre-ville de Chamonix. Il n’est pas très tard alors je me balade un peu avant de m’arrêter prendre l’apéro dans un bar. Et comme c’est sympa, je reste finalement pour manger un bon gros hamburger avec des frites maison. Ça fait du bien après 4 jours de nourriture lyophilisée.

C’est assez étrange d’être ici en ville et seul. Autant la solitude n’est pas un poids lorsque je suis dans les montagnes mais ici, attablé, à regarder les gens passer il y a une vraie solitude. On se demande un peu ce qu’on fait là.

Bref, je termine de manger tôt et rentre me coucher. A 20h30 je suis au fond de mon duvet prêt à dormir malgré le bruit juste à côté.

  • Xelle

    autant de campeurs à cette époques ?

  • Xelle

    magnifiques ce turquoise !!!! bien heureuse que tu aies hésité à t’approcher …. On connait déjà l’histoire d’hibernatus 😉

    • Bah oui je deviens vieux et prudent 🙂