Jour 2 : Dos d’âne – Deux bras – Aurère


Debout à 7h ce matin. On a un peu de marche à faire aujourd’hui. Même si c’est la journée la plus « tranquille », on a pas mal de bus à faire avant. Petit déjeuner rapide et Cyrille nous dépose à l’arrêt de bus des cars jaunes. Un premier bus nous dépose à Le Port puis un deuxième nous emmène jusqu’à dos d’âne, notre point de départ pour entrer dans le cirque de Mafate.

Il y a 4 chemins principaux pour entrer dans Mafate : Le col du Taïbit au sud, mais qu’on utilisera pour en sortir en direction du piton des neiges, le col des bœufs à l’est mais qui n’était pas très accessible en bus, surtout depuis chez Emilie et Cyrille (qui habitent sur la côte ouest de l’île), le fameux Maïdo, considéré comme l’une des portes les plus difficiles pour y entrer sur l’ouest du cirque et enfin dos d’âne au Nord qui a retenu mon choix. Il y a quelques autres possibilités comme par la rivière galet mais c’est en 4×4 donc ça ne compte pas et la canalisation des orangers avec laquelle j’ai hésité mais on a appris en arrivant à dos d’âne qu’elle était fermée.

Le bus nous dépose à 10h20 avec un autre couple de randonneurs. C’est donc parti pour un peu plus de 10km aujourd’hui et 1000 mètres de dénivelé positif. Sur le papier c’est une petite journée. Sur le papier… On attaque par une longue descente vers Deux Bras dans la forêt. Le sentier n’est pas mémorable, il y a beaucoup de marches, voire des descentes de gros rochers nécessitant d’y mettre les mains, particulièrement pour Céline qui n’est pas très grande.

Moins de 20 minutes après notre départ je trouve un bout de bois pour Céline afin de lui confectionner un bâton de marche pour l’aider… ce n’est pas superflu vu le terrain.

Sur le chemin on rencontre un traileur qui revient de sa course matinale. Il nous explique qu’il est parti de dos d’âne comme nous et a fait un aller/retour jusqu’à l’Ilet à Malheur, soit un peu plus loin que ce qu’on va faire aujourd’hui. Il doit être 11h du matin et il a fait plus du double de ce qu’on va faire dans toute la journée…. Décidément on est bien à La Réunion, terre de trail.

Le chemin en lui même n’est pas très joli mais il nous permet de rentrer dans Mafate au sens propre comme au sens figuré. On prend le temps de cette descente pour s’immerger dans notre semaine de trek en autonomie.

Entrée dans Mafate… quel moment !

Et puis d’un coup, après une bonne heure et demie de descente, la forêt s’entr’ouvre pour laisser place au paysage se trouvant derrière… pour laisser place à ce magnifique tableau tant attendu. Nous voilà devant (et dans) le cirque de Mafate avec un vue sur toute la partie Nord. Toute cette montagne verdoyante et magnifique. Ça y est, nous y sommes pour de bon. Nous voilà là où nous nous étions promis de revenir 6 ans plus tôt et c’est un euphémisme que de dire que nous sommes ravis d’être ici.

On termine doucement la descente pour arriver à Deux Bras, le lieu prévu pour le déjeuner. On cherche où se reposer un peu avec de l’ombre et de l’eau puisque la rivière galet passe ici mais on tombe sur des jeunes en train de profiter d’un beau bassin pour se rafraîchir. On poursuit donc encore un peu avant de s’arrêter à l’ombre d’une falaise le long de la rivière. A défaut de prendre un bain complet, on peut y tremper les pieds pour se rafraîchir.

Si si, elle a vraiment apprécié !

C’est également l’occasion de prendre notre premier repas lyophilisé, enfin pour Céline car moi je l’ai expérimenté pendant mon séjour dans les Pyrénées avec Sébastien (pas moi évidemment, un autre) en septembre. Peu convaincu du concept, Céline n’a pas arrêté de me taquiner avec ça les semaines précédant le départ. Mais après un premier repas, elle a bien été forcée de constater que c’est bien loin d’être mauvais !

Après une petite pause d’une heure (ça passe vite quand il faut faire à manger) on repart sous un soleil resplendissant et chauffant… On arrive néanmoins assez rapidement dans la longue montée de la forêt menant à Aurère. 700 mètres de dénivelé positif pour aller jusqu’à notre lieu de couchage. Une belle montée continue et bien sûr pleine de marches. On a déjà bien compris que Mafate c’est des marches, qu’elles soient en montée ou en descente et une absence quasi totale de plat ou de chemin linéaire (comprendre par là sans marche).

Aux deux tiers de la montée alors qu’on commence à accuser le coup, ou tout du moins qu’on a légèrement ralenti de rythme par rapport à notre allure post repas, on se fait doubler par un local. Son sac à dos est rempli de légumes dont le poids ne fait aucun doute lorsqu’on voit à quel point les bretelles et même les coutures sont en hyper extension. Ajoutez y une glacière elle aussi bien remplie qu’il porte voûté sur sa nuque et on peut comprendre que la vitesse (à défaut de facilité tout de même) à laquelle il nous dépasse à de quoi laisser pantois… Malgré tout il prend quelques secondes pour discuter avec nous. Évidemment, c’est pas tous les jours facile d’habiter dans Mafate où seuls les pieds et les hélicos permettent de se déplacer.

A l’approche d’Aurère, on commence à prospecter un peu à droite et à gauche du chemin pour identifier un lieu afin d’y planter la tente. On trouve plusieurs emplacements sans grande conviction (dont les abords de l’héliport mais ça semble un peu risqué) avant de s’installer sur un petit bout de terre sous les pins ayant une magnifique vue sur la montagne alors que le coucher de soleil approche. Il est 17h30 lorsqu’on s’installe pour passer la nuit après une bonne journée de marche.

La recherche d’un emplacement nous a permis de découvrir ce premier îlet de notre périple dans le cirque. C’est loin d’être le plus petit que nous traverserons et il est plutôt mignon. C’est agréable de s’y balader même si on aurait préféré le faire sans la télé hurlante du voisin qui la regarde avec le volume à fond et les fenêtres ouvertes…

Vue depuis la tente

Dès l’installation terminée, on lance le repas pour profiter des derniers rayons du soleil. En tous cas, au moins pour prendre notre soupe avant qu’ils disparaissent, à peine après 19h, dernière les montagnes de Mafate. Le soleil se couche tôt mais c’est pour laisser place à un magnifique ciel étoilé qui évidemment, ici, est exempt de toute pollution lumineuse. Un vrai bonheur pour les contemplateurs de ciel nocturne que nous sommes. L’occasion d’une petite balade post-prandiale en amoureux dans le silence omniprésent de la nature environnante… Des moment comme on en a peu chez nous.

Cette première journée de reprise n’a pas été facile et il a fallu relancer la machine, surtout pour Céline qui partait tout de même avec l’handicap d’une nuit difficile et d’un réveil nauséeux. Néanmoins le plaisir d’être dans ce décor ne peut laisser la place qu’au bien-être et avec la conviction qu’on est exactement là où on doit être et pas ailleurs. C’est incroyable comme ce sentiment m’habite à chacune de mes « expéditions » en pleine nature…

La journée se termine enfin et après avoir testé les repas lyophilisés pour la première fois ce midi, place au test de la tente à deux. Évidemment pour des raisons d’encombrement et de poids, notre tente est toute petite mais finalement bien assez grande pour nous deux, même si on est tricoté serré.

Bilan du jour : 10,1km – 1034m d+ – 1020m d-

  • Xelle

    postprandiale, sérieusement ?!? hi hi
    Encore un ouaou je comprends tellement ce truc que tu décris comme se sentir à sa place au milieu de la nature. Ce truc où tu ressens une grande ouverture, tout semble fluide, non ?

    • Oui c’est ça… C’est difficile d’y mettre des mots, ca se vie.

      Et, oui ! J’adore le mot postprandiale :o)