Alors qu’on a laissé la journée d’hier s’en aller avec un ciel totalement exempt de nuage, on se réveille dans le brouillard le plus complet. On voit bien que le ciel bleu n’est pas très loin mais pour l’instant c’est une visibilité nulle et surtout un Bernard transformé en frigo. Il fait 0,5° dehors et 6° à l’intérieur. Ça commence à piquer lorsqu’on sort le moindre bout de peau de sous la couette.
Hier soir, Céline a réservé une visite de Bœufs musqués à Tannas. A défaut d’en voir dans la nature, on va aller dans un parc pour en voir. On rejoint la visite guidée à 10h… et nous sommes seuls.
Quelques explications générales puis on va dans un énorme enclos de 3,5 hectares où 3 bœufs sont présents. A l’appel des croquettes, ils se montrent doucement. Le mâle est particulièrement énervé et grogne fortement. Pas commode, il vaut mieux ne pas le contrarier. Avec lui il y a une femelle et un bébé.
Il ne reste que 50 000 bêtes dans le monde à l’état sauvage (principalement au Canada, en Alaska et au Groenland) dont 300 en Norvège où nous étions hier. En Suède ils ne sont que 12 et le gouvernement ne fait rien pour augmenter ce nombre en relâchant de nouvelles têtes. Ils considèrent que ce n’est pas leur rôle de réintroduire une espèce disparue.
Visite intéressante où on a pu en savoir un peu plus sur le bœuf musqué, à commencer par son nom qui est totalement erroné puisqu’il est plus de la famille de la chèvre que de la vache et qu’il ne sécrète pas de musque. Le fait qu’il se rapproche de la chèvre explique ses cornes qui effectivement ressemblent plus à un bélier qu’à un taureau.
Après cette petite visite d’une heure, on passe voir un endroit où il semblerait qu’on puisse pêcher. Les enfants en rêvent à peu près tous les jours depuis qu’on est en vacances. Effectivement, il y a une petite marre avec des truites arc en ciel et on peut louer une canne. Après on paye le poisson au kilo. Là c’est la surprise pour le prix mais la dame qui s’occupe du lieu nous dit qu’en général une truite pèse 800 grammes. Parfait pour un repas de 4 !
On prend 2 cannes pour les enfants, on attache les vers de terre et c’est parti. Bon il ne faut pas attendre longtemps pour que cela morde. En quelques secondes ça se bouscule devant le ver de Pierre. La ligne s’étire rapidement et casse sous la puissance de la truite. Avec du recul c’est peut-être bien qu’on ne l’ait pas péchée celle-là, elle devait être bien grosse.
Du côté de Jeanne c’est pareil, ça mord très très vite. Je suis avec elle pour l’aider et on ramène notre truite tranquillement en la fatiguant. On la sort à l’épuisette et là les enfants commencent à blêmir lorsqu’elle bouge dans tous les sens pour se débattre. Pierre ira même jusqu’à courir le sprint de sa vie en partant à plus de 50 mètres de nous lorsqu’elle a eu un mouvement un peu trop brusque pour lui. On s’est bien marré. Faut dire que la bête faisait quand même 1,6kg. D’ailleurs lors de la pesée, la dame c’est senti un peu mal et nous a fait un rabais sur l’addition.
Nous voilà donc avec notre truite arc en ciel de 1,6kg… et on fait quoi maintenant avec ça ? Il n’est pas loin de 12h alors on trouve un coin très sympa le long du torrent de l’autre côté de la route. On s’installe et je m’occupe de la truite. Je la vide, la rince et la passe au barbecue.
Rien d’ajouté, juste grillée tout en restant fondante (comme le saumon, c’est un poisson très gras). Un délice, même les enfants ont adoré. Belle expérience (c’est la première fois que je vide un poisson et que je mange un poisson qu’on a péché). En plus le temps est magnifique, on en profite pour prendre notre temps dehors au soleil. Un moment qui restera assurément dans nos souvenirs de voyage.
Il n’est que 15h lorsqu’on poursuit notre route et pourtant la journée est déjà bien remplie. Mais on va continuer en montant sur le plateau de Flatruet.
Au-delà du paysage de toundra qui est superbe, l’objectif est d’aller sur le territoire des rennes. Le Routard est catégorique, ici c’est le renne le roi, il faut lui laisser la place. On monte donc sur le plateau et on a beau avancer sur le territoire des rennes, pas l’ombre d’une bestiole, rien ! Décidément c’est la loose des bêtes sauvages.
On décide de s’arrêter faire une petite marche sur ce grand plateau dénudé où pointes les plus hautes montagnes de Suède loin à l’horizon. Le paysage est vraiment splendide avec une lumière « polaire ». Le soleil semble froid, prêt à se coucher alors qu’on est encore en milieu d’après-midi.
Une petite demi-heure après avoir commencé la marche, on aperçoit enfin l’élu. Commence alors un safari pédestre pour le suivre sans se faire remarquer. On passe un long moment à l’observer et à se rapprocher de lui. Il nous a vus et nous laisse faire. Il joue un peu en se rapprochant puis en repartant jusqu’à ce que d’autres randonneurs le prennent à revers en redescendant de leur balade. Son espace de retrait diminuant il nous quitte pour aller manger ailleurs.
On continue notre balade dans une sorte de marécage à se tremper les pieds. On était parti pour faire une balade vers un canyon mais sans certitude de là où on allait. Vu l’heure qui avance, la route qu’il nous reste à faire ce soir et la réussite dans notre recherche de rennes, on décide de rentrer… jusqu’à ce qu’on croise une famille entière : papa, maman et bébé. C’est reparti pour un jeu de cache- cache avec les rennes sauvages de Suède.
On aura eu du mal à les voir, mais on est content d’avoir pu les approcher dans leur habitat naturel. Et le lieu est tellement joli que ça rend cette rencontre encore plus magique.
On reprend la route en direction de Falun. On n’y sera pas ce soir mais on commence à se rapprocher doucement de Stockholm. On devait rendre Bernard lundi mais finalement on va le garder une journée de plus. Tant pis, pas de visite de Stockolm, on profite de Bernard et de la vie dans la nature une journée de plus.
Rapidement on tombe sur une route en gravillons et pleine de trous. Une digne héritière des routes cubaines. 50km à moins de 50km/h… bah c’est super long. Heureusement sur le trajet on a pas mal de rennes pour nous occuper. On a mis longtemps à les trouver mais là ça y est, ils sont à chaque virage. Bon ça rend notre safari sur les hauts plateaux un peu moins exceptionnel mais tant pis, on est content de les voir quand même. On croise de très jeunes bébés mais aussi des rennes blancs. On se demande même si c’est bien un renne ou si c’est un autre animal.
On termine notre journée sur le lac Svegssjön bien épuisés de cette longue route chaotique. Mais comme tous les jours Céline nous a trouvé un endroit paradisiaque pour passer la nuit. Dans la forêt de pins, très loin de la circulation (pour une fois car c’est étrangement pas si simple en Scandinavie) avec une micro plage privée de sable. Il est un peu tard pour en profiter mais je suis sûr que demain matin il y en a deux qui vont foncer dans l’eau, surtout avec la température qui est plutôt douce ce soir.
Bilan du jour : 205km – 4h00 de route